04 Mai Tour en 4×4 dans la région du Sud Lipez
Au départ de Tupiza, au sud de la Bolivie, nous avons effectué une excursion de 4 jours / 3 nuits de la région Sud Lipez et du fameux Salar de Uyuni avant de rejoindre la ville du même nom. Nous qui pensions avoir vu nos plus beaux paysages dans la région de Salta en Argentine, c’était avant d’arriver dans cette partie de la Bolivie!
Comme le tour était à couper le souffle et que Steven s’est lâché sur les photos, on fera deux articles sur ce tour. Le premier (celui-ci) couvrira la région Sud Lipez (jour 1 à 3 de l’excursion) alors que le prochain sera consacré au Salar (la dernière journée).
JOUR 1 – De Tupiza à Quetena Chico
Départ 7h30 de notre hôtel à Tupiza le 26 décembre 2018, au lendemain de Noël.
Nous faisons la rencontre de notre guide et chauffeur Nico, de notre cuisinière Maria et de nos deux coéquipiers d’aventure, Astrid et Erik de Suède.
En moins de 10 min, on se retrouve sur des chemins de terre qui nous font comprendre l’utilité d’un 4×4. Nous roulons pendant des kilomètres, pendant des heures, dans des paysages sublimes et désertiques qui changent constamment. Le temps est idéal et nous permet de profiter pleinement de ces découvertes.
Parfois, nous croisons un petit village, comme camouflé dans le paysage, où vit une dizaine de familles. Nico nous explique que les enfants partent chaque semaine en navette vers Tupiza, où ils vont à l’école.
Plus nous nous enfonçons dans la brousse, plus on se dit que les enfants y vivant ne vont certainement pas à l’école. On les voit d’ailleurs aidant leurs parents à mener les troupeaux de lamas.
Ces derniers sont bien plus nombreux que les humains dans la région. Ils vivent en liberté, en troupeau (très peu souvent gardés). Certains portent des pompons de laine colorés à l’oreille, accoutrement apparemment traditionnel à l’approche du carnaval, qui aura lieu dans quelques semaines.
Lorsque les lamas ne portent pas de pompons, leur propriétaire les reconnaît à l’aide de la forme de la découpe qu’il leur a fait dans l’oreille, et dont la forme diffère du propriétaire voisin.
Plein de petits trolls plantés dans le sol, seuls les cheveux dépassent! 🙂
Parfois, le peu de végétation existante disparait complétement pour laisser place à des paysages lunaires, où le relief façonné dans la roche friable semblable à du sable se transforme en fonction des pluies qui tombent sur la région. Petit à petit, le sable s’effrite, transformant l’aspect de ces grandes mottes de terre grise.
Un jour, cet endroit disparaîtra complétement et nous nous considérons chanceux d’avoir pu le découvrir!
En fin de journée, nous sommes arrivés aux ruines du « Pueblo Fantasma », non loin du village de San Antonio de Lipez, située au pied de l’un des plus beaux sommets du coin. Ce village, perché à 4690m d’altitude, fut construit pour les officiers espagnols responsables des mines voisines entre le XVIIIe et le XIXe siècle. C’est la raison pour laquelle on y trouve deux églises, alors que la religion des locaux n’était pas le christianisme (ils croyaient alors à la Pachamama). Les Espagnols exploitaient diverses mines d’argent, d’or, de cuivre et de zinc dans la région, pendant que les quechuas travaillaient comme esclaves dans les mines.
Ce jour-là, nous avons parcouru plus de 300km (c’est énorme pour une route cabossée!) dont un bon tiers à plus de 4200m d’altitude. L’altitude maximale de cette journée aura été 4900m d’altitude (pour référence, le Mont-Blanc est à 4696m!), autant vous dire que Cindy, fortement affectée par l’altitude, n’avait pas une forme olympique et a plutôt subi sa journée!
Le gros avantage d’avoir Maria à bord est que nous avons eu le droit à deux repas complets, équilibrés et succulents dans la journée et elle nous a même servi le goûter! Que demander de plus!?
Avant le coucher du soleil, nous entrons dans la Réserve Nationale de faune andine Eduardo Avaroa. La première nuit à 4200m d’altitude a été moins pénible que ce que nous pensions et, sous nos 5 énormes couvertures de laine pour nous protéger du froid, nous avons plutôt bien dormi, malgré nos appréhensions!
JOUR 2 – De Quetena Chico à Villa Mar
C’est reparti pour une seconde journée de 4×4! La belle lumière de début de journée dans ce paysage exquis est incroyable et apaisante.
On commence la journée avec…des lamas, ça fait changement!
La tranquillité que nous avions eue la journée précédente laisse vite place au trafic sans relâche des 4×4 de touristes! Nous rejoignons en effet l’axe reliant San Pedro de Atacama au Chili à Uyuni, avec le lot de 4×4, et plus rarement de motos et de vélos (ils sont fous!), provenant de ces deux villes.
Nous croisons même sur la route de sable des semi-remorques lancés à vive allure, transportant des hydrocarbures et autres produits des mines à travers le désert (on capote tellement la route devient dangereuse!). Et dire que nous sommes en saison creuse d’un point de vue touristique! Nous n’osons même pas imaginer le trafic en haute saison…
Par chance, ce calme disparu n’enlève rien à la beauté irréaliste des paysages qui sont tous simplement éblouissants.
L’eau de ce lac est chaude!
Un des principaux points d’intérêt de la journée était le Laguna Verde (4325m d’altitude), non loin de la frontière avec le Chili, qui doit sa couleur atypique à la forte concentration de cuivre dans ses sédiments, même si son eau contient également d’autres minéraux tels que du magnésium et de l’arsenic.
Après avoir traversé le Désert de Dali (appelé ainsi, car il aurait inspiré certaines de ses peintures) et passé un col à 4990m (avec la tête de Cindy au bord de l’explosion!), nous arrivons ensuite aux Geysers Sol de Manana (4850m d’altitude).
Ce champ de geysers est alimenté par une activité volcanique sous-jacente, due aux frottements de la plaque américaine avec la plaque pacifique sud. Cela se manifeste par des spectacles étonnants, faits de cratères de boue bouillonnants, de fumerolles aux vapeurs sulfureuses et bien sûr de geysers d’eau s’élevant à plusieurs mètres de haut, sous l’effet de la pression et de la chaleur : l’eau peut atteindre les 200°C!.
L’avantage du site est qu’il n’est pas aménagé, laissant ainsi la circulation libre aux visiteurs, à leurs risques et périls, entre les différents trous du sol bouillonnants, aux diverses couleurs et matières jaillissantes. Le site est magnifique et la puissance que laisse paraître la nature est saisissante!
Cependant, avec les effets de l’altitude et la tête qui tourne, il s’agissait de faire très attention de ne pas perdre l’équilibre et tomber là-dedans!
Enfin, nous clôturons les visites de la journée au très très venté Laguna Colorada (4278m d’altitude). Ce lac d’eau salé à la superficie d’environ 60km2 et une profondeur moyenne de 35cm doit sa coloration rouge à des sédiments de la même couleur et aux pigments de certains types d’algues qui y vivent.
Il contient des îles de Borax sur certains de ses côtés. Grâce à ses eaux riches en minéraux, il est un lieu de reproduction pour les Flamants des Andes (une sorte de flamant rose migrateur) dont 25% de la population mondiale s’arrête ici.
Nous passerons la nuit dans une petite auberge dans le village de Villa Mar semblant désert et dont la population vit depuis plusieurs jours sans électricité (c’est leur quotidien apparemment!).
C’est à la lampe frontale que Maria notre super cuisinière nous préparera le souper, que nous aurons la chance de manger à la lumière grâce au groupe électrogène apporté par le propriétaire des lieux. Pendant le repas, un groupe d’enfant du village viendra chanter quelques morceaux typiques de la région, cela n’ayant aucun autre but de nous soutirer quelques billets à la fin du spectacle!
JOUR 3 : De Villa Mar à Villa Candelaria
Au programme aujourd’hui : beaucoup de cailloux, de formes et de tailles différentes! Avec beaucoup d’imagination, ils semblent tous représenter quelque chose!
Ces amas rocheux sont en fait des roches volcaniques et des coraux pétrifiés datant de l’époque où cette partie de la planète se trouvait sous l’Océan. C’est quand même plutôt fascinant quand on y pense!
Un dromadaire et la coupe du monde de football.
Avec notre super guide, Nico!
Notre coup de cœur de la journée aura cependant été l’arrêt au Laguna Negra, dont le paysage environnant, mélangeant tons de vert et roche volcanique, avec ses lamas, ses ânes et ses oiseaux, fut magique et apaisant à la fois.
Dans le calme, entourés d’animaux, on se serait bien vus tous les deux rester là quelques heures, quelques jours…
Nous sommes heureux et privilégiés d’avoir pu nous connecter l’espace d’un instant à cet endroit, avant qu’une horde de touristes beaucoup moins silencieux nous y rejoigne!
Après la Laguna negra, nous avons continué la route nous rapprochant toujours un peu plus du salar d’Uyuni. Mais il restait encore quelques arrêts en chemin, dont un au Canyon du cobra, où l’on pouvait admirer, en contrebas, un court d’eau sinueux en forme de serpent. Vertige assuré, mais pétard que c’est beau!
Pour finir, dernier petit arrêt de la journée au village perdu de Julaca, où nous avons dégusté une bière au cactus (c’est plutôt bon!) avant d’assister, avec chance, au passage de l’unique train – transportant le minerai de la Bolivie vers le Chili – de la journée, voire de la semaine. Ici, bien sûr, pas de sécurité autour de la voie ferrée qui traverse le village en son centre, mieux vaut donc ne pas s’endormir au milieu des rails!
Au loin, nous pouvons deviner la platitude du Salar de Uyuni, que nous approchons à grands pas.
En fin de journée, le ciel surplombant le salar s’obscurcit très rapidement avant de donner lieu à un orage des plus violents. Nous pouvons observer le rideau de pluie se déplaçant à vive allure ainsi que les éclairs qui s’abattent, zigzaguant vers le sol.
Nous étions en train de prier pour que l’orage ne se rende pas jusqu’à nous, tout en nous rassurant que la foudre ne pourrait pas nous faire mal tant et aussi longtemps que nous serions dans la voiture, isolée sur ses larges pneus, quand nous avons tout à coup… crevé!
Il fallait bien que ça arrive, mais peut-être n’était-ce pas le moment!!!
Heureusement, super Nico a enfilé sa salopette et nous a réparé ça rapido presto, alors que l’orage s’éloignait de nous, laissant sur son passage des étendues entières de champs complètement inondés.
Nous avons passé la nuit dans l’Hotel de Sal (qui signifie « sel » en espagnol) dans le village de Villa Candelaria, lui aussi sans électricité depuis quelques jours…
L’hôtel, comme il y en a plusieurs dans la région, est du plus bel effet avec ses tables, ses tabourets, ses sommiers et ses murs faits entièrement de blocs de sel issus du salar. Il reste cependant très confortable.
Heureusement, l’eau étant chauffée avec le soleil, nous avons pu bénéficier cette fois-ci d’une petite douche chaude et avons pris ce soir-là notre succulent repas à la bougie en compagnie de nos coéquipiers suédois et de Nico, notre guide, que nous avons questionné en long, en large et en travers sur la vie en Bolivie. Quel pays passionnant!
C’est ainsi que s’est déroulée notre 3e journée de l’excursion, qui clôtura la découverte de la région Sud Lipez.
Le lendemain, réveil prévu à 4h du matin pour assister au lever de soleil dans le fameux Salar d’Uyuni… alors pour l’heure, place au dodo, dans notre confortable chambre de sel… 😊
CONSEILS PRATIQUES
QUELLE AGENCE CHOISIR POUR L’EXCURSION SUD-LIPEZ / SALAR D’UYUNI ?
La Torre Tour : Accueil en anglais et en espagnol au bureau de l’agence qui se trouve dans l’Hôtel du même nom, à Tupiza. Le tour est très bien expliqué à l’avance. Il faut demander à être 4 par voiture pour qu’une cuisinière vous soit attitrée. Vous pouvez même demander Nico comme guide, il est super compétent, bien que très discret!
Nous sommes vraiment satisfaits du tour en tous points (état et propreté du 4×4, repas, hébergements (même si le second était un peu moyen niveau propreté), professionnalisme du guide et de la cuisinière Maria).
On conseille de partir de Tupiza plutôt que de Uyuni car les agences y sont encore peu nombreuses et bien contrôlées, ce qui n’est plus le cas de Uyuni, laissant place aux dérives (chauffeurs saoûls, voitures mal entretenues, accidents, etc.)
Les prix au départ de Tupiza sont un peu plus élevés qu’à Uyuni (mais nous avons une journée de plus que les autres dans un endroit sans touristes, une cuisinière attitrée et de la place dans le 4×4 car nous sommes que 6 pour 8 places.)
Prix : 1250 BOB = 243$CAD/ personne pour 4 jours – 3 nuits tout inclus sauf eau potable (prévoir les bouteilles).
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