18 Août Les montagnes et rizières en terrasse de Sapa
Après quelques jours passés à Hanoi, capitale du Vietnam, nous avons pris un bus le 26 juin 2018 pour la petite ville montagnarde de Sapa, située non loin de la frontière avec la Chine au Nord-Ouest du pays. La région de Sapa est très connue pour ses paysages montagneux, sa fraicheur (appréciée des vietnamiens qui vivent dans la vallée) et des magnifiques rizières en terrasse qui s’étendent à perte de vue.
À Sapa même, village recouvert en grande partie d’hôtels et de restaurants, il n’y a pas grand-chose à faire. On vient surtout y faire escale pour partir en trek de 3 jours/2 nuits ou bien 2 jours/1 nuit avec guide dans les villages alentours, habités par les minorités ethniques. La région Nord de Sapa est une des plus riches en diversité car de nombreuses minorités ethniques sur les 54 présentes au Vietnam y vivent. Les femmes des différentes ethnies sont reconnaissables grâces à leurs tenues traditionnelles qu’elles arborent encore fièrement. Les enfants eux, perdent peu à peu ces traditions pour des tenues vestimentaires plus modernes.
Église de Sapa, dressée sur sa place centrale.
Trajet jusqu’à Sapa
Le trajet en bus de Hanoi (pick-up à notre hôtel) jusqu’à Sapa a été plutôt long : 5h de trajet pour parcourir 300 km.
Les derniers kilomètres pour rejoindre Sapa se font en montagne, sur une route on ne peut plus sinueuse mais certes très belle (une chance qu’on avait pris nos cachets pour le mal des transports, cela nous aura évité de rendre notre petit déjeuner!). Malheureusement, cette petite route est un peu une « autoroute » à autobus qui se rendent dans la très (trop!) touristique Sapa! D’ailleurs, puisque le développement semble être le maitre mot en Asie, ils sont en train de détruire toute la montagne alentours et de dénaturer les paysages pour y construire une réelle autoroute 4 voies qui mènera directement de Lao Cai (ville frontière avec la Chine) à Sapa. Cela facilitera encore plus l’acheminement des centaines de chinois qui viennent en vacances de ce côté de la frontière.
À l’arrivée à Sapa, le bus nous pose à un endroit -bien sûr- différent de ce qu’on nous avait annoncé à l’achat du billet (on est rendus habitués maintenant même si ça nous agace à chaque fois!). Comme nous avions lu pas mal de blogs de voyageurs, nous étions préparés psychologiquement au comité d’accueil féminin qui nous attendait à la « sortie du bus » (enfin, certaines étaient limites sur la première marche du bus, nous empêchant de descendre) : des dizaines de petites dames Hmong, toutes de noir et de couleurs vives vêtues (ainsi est leur habit traditionnel), qui essayent de nous vendre soit un hébergement chez l’habitant, soit des bracelets ou des sacs qu’elles confectionnent elles-mêmes. Après 5h de bus, on a rarement l’humeur pour magasiner ce genre de chose, alors on dit « non » poliment, une fois, deux fois, 10 fois… mais c’est qu’elles ont de la répartie ces Madames! Et les voilà qui nous parlent en français dès qu’elles nous entendent discuter tous les deux! Et merde! Parfois, on regrette de ne pas parler perse ou une autre langue bien atypique!
Un peu tannés, c’est limite en courant (pour essayer de larguer les Madames!) que nous partons à pied (pas le choix, le bus nous a déposé à 2km!) rejoindre notre homestay réservé préalablement sur Agoda, sous la pluie battante (ben oui, sinon ce ne serait pas drôle!).
Une fois notre homestay trouvé (merci Google Maps, sans toi, nous ne serions rien!), nous entrons dans le hall, sombre, vide, plein de tables (peut-être est-ce un restaurant en temps normal!?) et là, Waouh, agression olfactive : alerte odeur de mouton!!! On espère tous les deux en silence que la chambre n’aura pas la même odeur, sinon ça ne va pas être possible du tout du tout! Heureusement, ce n’était pas le cas. La chambre était même propre, spacieuse et nous avions même de l’eau chaude, phénomène apparemment rare à Sapa car les chauffe-eaux ont tendance à fonctionner de manière aléatoire. Les nombreuses coupures de courant qui sévissent toutes les heures dans la ville y sont sûrement pour quelque chose! En passant, un des objets indispensables quand tu voyages à Sapa : Une lampe frontale!
Journée pluvieuse = exploration urbaine!
Malheureusement, la pluie continuera de tomber tout l’après-midi et toute la journée d’après, nous empêchant de partir en trek comme prévu ce jour-là. Ce n’est pas que la pluie nous dérangeait (quoi qu’un peu quand même) mais il y avait tellement de brouillard que nous ne voyions même pas le bout de notre ruelle. Alors, faire une rando dans un endroit scénique dans un contexte comme celui-ci ne valait pas vraiment la peine. Une chance que nous étions en basse saison et que les agences de trekking sont de ce fait, flexibles.
La journée d’attente dû au temps pourri nous aura permis de parcourir en long, en large et en travers les quelques rues de Sapa, d’y découvrir son marché local, mais aussi ses innombrables projets immobiliers en construction, d’un charme totalement…douteux!
Le charme certain de la ville de Sapa!
À la première éclaircie, nous avons tenté de sortir de la ville pour profiter de la vue sur les montagnes alentours. Quelle fut notre surprise quand nous avons réalisé qu’il était payant (70 000vnd/personne = 4 $CAD) de sortir de la ville. Le genre d’attrape touriste qui nous énerve bien, surtout quand il s’agit de nous tenir « prisonniers » d’un centre-ville, non libres d’aller et venir comme bon nous semble.
Le péage pour sortir de la ville!
Mais, comme nous sommes bornés et bien décidés à voir quelques paysages alentours sans payer le moindre centime (non mais oh!), nous nous sommes aventurés en contrebas de la ville, dans le quartier plus résidentiel local de Sapa, là où les locaux vivent et cultivent quelques rizières en terrasse dans lesquelles nous nous sommes un peu enfoncés.
Là, nous nous sommes faits courir après par deux messieurs. À leur approche, nous étions certains qu’ils allaient nous engueuler ou nous demander de l’argent pour avoir pénétré sur leur propriété. Mais non, fausse alerte, ils voulaient juste se prendre en photo avec nous! Nous en avons profité et avons fait une photo avec eux nous aussi! Très belle rencontre même si nous étions incapables de nous comprendre.
C’est proche de ces habitations que nous avons aussi trouvé la face cachée de Sapa, la conséquence inéluctable de ce tourisme de masse : les poubelles, balancées sur le bord de la route ou en contrebas, là où on les verra moins, en espérant qu’elles disparaitront.
En mode exploration urbaine et encore super motivés, nous avons ensuite abouti dans le cimetière, d’où nous avons pu bénéficier d’une superbe vue sur la vallée de Sapa, gratuitement! Ici, personne ne semblait se soucier de notre présence, à part quelques vaches au milieu des tombes, qui semblent être les seules à entretenir ce pauvre cimetière en friche.
Magnifique vue depuis les coins cachés de Sapa sur la vallée alentours
Les conséquences d’un développement touristique trop rapide et inapproprié
La ville de Sapa a subi un énorme boum touristique dans les 5 dernières années. Ce qui était une petite ville de montagne calme et reculée, à l’époque station d’altitude des français lors de l’époque coloniale en Indochine, est maintenant une véritable station touristique d’altitude sans charme.
Les projets immobiliers en construction sont partout, côtoyant les hôtels vieillissant trop rapidement dû à leur manque d’entretien. Le paysage urbain ne ressemble absolument à rien, défiguré par tous ces hôtels, se voulant tous plus gros et plus beaux les uns que les autres. Il n’y a absolument aucune règle d’urbanisme, seuls l’argent et le profit à court terme sont les lignes directrices.
Des centaines d’autobus jalonnent les rues de la ville, non conçues pour les accueillir, créant des rues et autres places polluées et encombrées.
La mendicité de la part des ethnies alentours et hyper-répandue. Des centaines de femmes et enfants des minorités ethniques descendent chaque jour de leurs villages pour arpenter les rues et harcèlent les touristes dans l’espoir de leur vendre une de leur création. Même les enfants d’à peine 3 ans déambulent au milieu des rues passantes, à 22h le soir, à moitié endormis, s’approchant de tous les touristes qui passent sur leur chemin en répétant « You buy to me? You buy to me? » machinalement.
C’est ce travail infantile qui nous a fait le plus mal au cœur et qui a été le plus insupportable à nos yeux. Certains enfants d’une dizaine d’années déambulent même dans la rue toute la journée avec un bébé de 6 mois dans le dos. Pendant ce temps-là, ils ne sont pas à l’école! C’est une vie difficile pour eux!
Bien sûr, ce genre de mendicité ne doit pas être encouragé. Nous nous sommes contentés d’offrir des fruits à quelques-uns de ces enfants, qui ne se sont pas fait priés pour les avaler d’une traite! Pas sûrs qu’ils mangent 3 repas par jour ces gens-là!
À cause de ce harcèlement, ce qui pourrait être une promenade tranquille dans les rues de la ville devient vraiment une partie de cache-cache pour essayer de ne pas être repérés par ces femmes et enfants Hmong qui ne manqueront pas de parcourir des centaines de mètres avec nous malgré nos « No, we don’t buy », auxquels elles répondront pour sûr « Maybe Tomorrow? You promise? ».
Départ en trek, enfin tranquilles
Le 3e jour, le temps était meilleur et la visibilité acceptable, nous avons donné le go le matin même à l’agence de trekking NomadTrails pour un départ à 9h30.
Nous avons opté pour cette agence car elle effectue ses treks au Nord de Sapa et non au Sud comme toutes les autres. De ce fait, nous étions seuls au monde dans le décor, nous, nos deux guides (on en a eu deux pour le pris d’un!) et les locaux.
Au Sud, d’après ce que nous avions pu lire, les guides partent avec 5 personnes maximum mais tous les groupes suivent le même chemin en partant à la même heure, donc ça a tendance à « boucher » un peu. Surtout que les femmes Hmongs du village partent en trek toute la journée avec vous dans le seul et unique but de vous faire plier pour que vous leur achetiez quelque chose.
En lisant tout ça, on avait beaucoup d’appréhension pour ce trekking. Si quelques femmes Hmongs ont tentés de nous suivre dès le début du trek, nous avons mis les choses au clair avec elles et nous n’avons plus eu de soucis par la suite.
Les deux jours de treks étaient fantastiques! À raison de 13km de marche par jour, le premier dans les rizières et champs de maïs et le second dans les montagnes, nous avons traversé des paysages très diversifiés et des villages Hmong (prononcer « Mong ») et Dao rouge (prononcer « Zao rouge ») typiques, isolés dans les montagnes.
Nos pauses lunch du premier et du second jour
Les habitants y vivent très simplement, sans luxe et semblent très heureux comme ça! La plupart des maisons sont construites à même la terre battue, les enfants se promènent culs nus dans la cour, au milieu des cochons, poules et canards qui barbottent dans la boue alors que les femmes, tâchées de bleu de la tête aux pieds, font fermenter les feuilles d’indigo pour préparer la teinture du même nom.
Comme nous étions que tous les deux avec nos guides, nous avons pu poser beaucoup de questions sur les coutumes de vie des populations alentours tout en leur faisant pratiquer leur français (un échange de bons procédés!).
En toute honnêteté, nous avons aimé un seul des deux guides : le stagiaire! Le guide officiel était prétentieux et complétement non respectueux des ethnies minoritaires locales, ce qui nous a fort dérangé. En plus de tout ça, il n’avançait pas et voulait toujours s’arrêter faire des pauses si bien que nous continuions sans lui et il n’avait d’autres choix de nous rattraper en courant! Nous nous sommes d’ailleurs plaints de son comportement auprès de l’agence à notre retour, qui a pris note de nos commentaires!
Nous avons passé la nuit chez l’habitant dans une famille Dao Rouge où la maitresse de maison, Lamay, nous a préparé un très bon repas, que nous avons partagé dans leur cuisine, avec la famille élargie, comme le veut la tradition quand ils reçoivent des invités. Le poulet a été attrapé dans la cour et abattu une heure avant le repas (impossible de manger plus frais que ça!). Pendant tout le repas, les hommes de la tablée voulaient tout le temps trinquer avec Steven avant d’enfiler cul sec un verre d’alcool de riz. Il a presque fini saoul le Steven! Ahah
Notre tablée chez la famille d’accueil
La maison très sommaire dans laquelle vivent Lamay, son mari et leurs deux filles
Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil sous notre moustiquaire et de bons pancakes au déjeuner, Lamay a accepté de poser pour Steven, nous voulions absolument une photo d’elle tant nous la trouvions belle dans son habit traditionnel.
Nous avons fait la rencontre d’autres Dao Rouges sur le chemin le second jour de marche, certaines revenant du champ à vive allure ou débouchant d’une forêt dense chargées de bois, alors qu’elles sont âgées de plus de 80 ans! Ces petits morceaux de femmes sont impressionnants!
C’est avec des images plein les yeux (et des courbatures plein les jambes), que nous sommes revenus de notre trek.
À notre retour en ville, nous avons passé la nuit dans un hôtel qui ne sentait pas le mouton avec une belle vue sur -la moche- ville de Sapa avant de reprendre un bus pour Hanoi le lendemain.
CONSEILS PRATIQUES
OÙ DORMIR À SAPA?
- Pumpkin Hotel : Hôtel super pas cher (9$CAD/ nuit la chambre double avec eau chaude mais sans petit déjeuner!) propre, mais on vous prévient, ça sent le mouton.
- Olympia hotel : Très propre, grandes chambres et salles de bain. Superbe accueil par la responsable des lieux qui fera tout pour vous aider. Nous y avons réservé notre bus Greenbus qui partait en direction de Hanoi à 50 mètres de l’hôtel, bien pratique (16$CAD sans petit déjeuner).
- Tamay gueshouse : Endroit où nous avons passé la nuit pendant notre trek au village de Ta Phin. Superbe accueil bien que timide de Lamay, la maitresse des lieux. Hébergement très sommaire (matelas au sol avec moustiquaire dans une cabane en bois) mais très confortable.
OÙ MANGER À SAPA?
- Le petit Gecko : Resto français, correct. Il y en a plusieurs qui portent le même nom à Sapa, nous avons mangé à celui situé au 015 xuan vien street. Ça fait du bien d’y manger autre chose que du riz!
- Good morning Vietnam : Petit resto super bon, pas cher. Service assuré par un jeune hyperactif mais qui fait vraiment de son mieux pour que tout soit parfait. Bananes offertes à la fin du repas.
- La Roma Pizza : Pas bon et service vraiment médiocre, n’y allez pas!
COMPAGNIE DE TREKKING
- Vietnam Nomadtrails : Compagnie très sérieuse, qui part en trek au Nord, moins occupé par les agences de trekking (du coup, le prix est plus élevé que les autres agences). Superbe service à la clientèle de la part de Loan, la responsable des réservations. Elle parle super bien français. Possibilité de trek avec guide en anglais (65$US/ personne pour 2jours/1 nuit) ou en français (75$US/ personne pour 2jours/1 nuit). Attention, si vous faites affaire à cette agence, demander à ne pas avoir notre guide : il s’appelle Susu.
SE RENDRE À / REPARTIR DE SAPA
- Agence de bus Dragon (réservation effectuée auprès de notre hôtel à Hanoi pour l’aller) : Bus confortables, propres. C’était un bus avec sièges inclinables. On nous dépose au bord du lac à Sapa (15$US/ personne). Il est toujours préférable de réserver via votre hôtel que en ligne car les sites peuvent passer à tout moment en vietnamien et là vous êtes pas sorti de l’auberge.
- Agence de bus Greenbus (réservation effectuée auprès de notre hôtel à Sapa pour le retour vers Hanoi) : bus couchettes de 40 places. Les sièges étaient trop petits pour qu’on puisse étendre nos jambes (on n’est pas vraiment du même gabarit que les asiatiques) alors le voyage de 6h a été un peu inconfortable (11$US/personne) cependant le bus était très propre (interdiction de manger et boire à l’intérieur).
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Julien Poitout
Publié le 23:32h, 20 aoûtMerci à vous deux pour ce magnifique photo-reportage, vos aventures sont un délice pour les yeux et pour l’imagination!
Steven
Publié le 12:31h, 21 aoûtMerci Julien! Content que nos récits de voyage te plaisent. On est un peu en retard dans la rédaction mais on essaye de garder le rythme!