23 Mar Salta – Boucle Nord de Tilcara à Humahuaca
Reposés de notre halte dans la région viticole de Mendoza début décembre 2018 après avoir terminé notre visite du Chili à Santiago, nous avons pris notre dernier bus de nuit en Argentine pour nous rendre à Salta (18h de trajet), au nord-ouest du pays. Une fois de plus, le trajet de plusieurs centaines de kilomètres nous a montré à quel point ce pays est immense… Il faudra que nous fassions le total des distances parcourues en bus à la fin de ce tour du monde!
Salta est la plus grande ville de la région du même nom, et sert comme base de départ de beaucoup d’excursions dans cette partie de l’Argentine.
Salta la Linda
La ville de Salta, qui a su garder un joli style colonial dans son centre, est surnommée en espagnol « La Linda » qui signifie « la belle ». Dès notre arrivée, nous constatons la différence culturelle avec le reste de l’Argentine : ici, les traditions amérindiennes sont bien présentes, les gens ne sont plus des descendants d’immigrés européens (fini les blonds aux yeux bleus), et ils parlent le quechua.
La place centrale, plaza 9 de Julio, est typique des villes coloniales espagnoles, avec églises, balcons en bois, porches et grilles ouvragés… Et les rues du centre ont encore une certaine rusticité non dénuée de charme. Le plus beau des bâtiments est certainement la Iglesia San Francisco avec sa façade rouge et ocre et ses fioritures rococo.
Mais nous ne sommes pas venus pour nous promener, mais pour une mission bien particulière : trouver une voiture avec le meilleur loueur (comprendre ici, celui qui nous offrira le meilleur ratio prix / confiance!).
Location de voiture à Salta
L’offre est grande, et comme nous ne sommes pas en haute saison, il suffit d’arpenter les rues et de demander à chaque agence ses tarifs. La grande majorité des loueurs se trouve dans trois rues du centre-ville. Nous sommes donc allés en voir une dizaine et avons demandé à chaque fois le prix pour louer pendant 7 jours, avec assurance.
Nous avons ainsi rapidement pu nous faire une idée du prix moyen. Ce qui change le plus d’une agence à une autre, c’est la franchise à payer en cas d’accident. À part ça, les prix des agences locales sont très similaires, et les plus chers restent les agences internationales comme AVIS ou Hertz.
Après 2 heures en ville, nous avions trouvé un loueur sérieux (impression confortée par les commentaires positifs sur Google), avec une petite franchise et un prix dans la moyenne des autres compagnies. Et en plus, les propriétaires n’avaient pas l’air de deux mafieux (contrairement à d’autres qui continuent de te suivre dans la rue pour te vendre leur service douteux…)!
Pour ce qui est de la franchise, nous avons eu de la chance, avec seulement 230$CAD de mémoire. L’état des routes que nous allions emprunter est bon, sauf sur la route 40 et une portion de la route 33 qui sont en terre, mais qui s’avéreront tout à fait praticable avec une petite voiture. Il suffit de rouler doucement (20-30km/h max) et de supporter les vibrations à vous rendre fous pendant 140km, mais on s’en sort à la fin!
Côté permis de conduire, ils ne nous ont pas demandé nos permis internationaux. Notre permis québécois était suffisant, en plus de nos passeports et bien sur la carte de crédit (c’est fou tout ce qu’on fait avec elle!).
Une fois la paperasse terminée, nous avions notre voiture dès le lendemain directement livrée à notre auberge. Nous étions parés à partir explorer la Quebrada de Humahuaca!
Boucle nord et Boucle Sud
À chaque fois que nous évoquions le nom de Salta, les autres touristes nous parlaient des fameuses boucles nord et boucle sud à faire en voiture. Même l’agence de location de voiture nous a désigné les itinéraires en question sous cette appellation.
En fait, depuis Salta, il existe deux trajets très prisés pour la diversité des paysages et des formations géologiques :
- Au nord, la Quebrada de Humahuaca, avec les montagnes aux 7 couleurs, aux 14 couleurs, les Salinas Grandes… et qui n’est en fait pas du tout une boucle quand on y pense!
- Au sud, les vallées Calchaquies et la Quebrada de las Conchas, qui forment une boucle passant par les villes de Cachi et Cafayate.
Boucle Nord et boucle Sud
Les deux trajets sont tout aussi beaux et nous auront procurés un vrai dépaysement en Argentine. Un de nos coups de cœur dans la découverte de ce pays!
De Salta à Tilcara par la « ruta de la Cornisa » (ruta 9)
Au départ de Salta, nous avons choisi de commencer par le circuit nord qui mène jusqu’à Humahuaca en passant par San Salvador de Jujuy.
Deux options s’offraient à nous pour monter :
- L’autoroute autopista 9 puis la ruta 66 jusqu’à Jujuy.
- La ruta 9, beaucoup plus étroite et sinueuse
Vous imaginez déjà quelle route nous avons empruntée? Eh oui! Nous avons opté pour la deuxième option et n’avons pas été déçus. Avec l’aide de l’application Maps.me, il était facile de s’orienter pour trouver le début de cette route et nous engouffrer dans une épaisse forêt tropicale (complétement improbable!).
Entre l’énorme serpent qui tombe devant la voiture au milieu de la route et les cochons sauvages qui prennent un bain de boue, nous aurons eu un trajet animé! Il nous faudra une heure de plus par cette route pour arriver à Jujuy, mais cela en valait la peine.
Une fois arrivés à Jujuy, nous faisons vite des courses et remontons en direction de Tilcara, où nous avons décidé de baser notre campement pour les trois prochaines nuits, afin d’aller explorer les environs.
Les paysages sont à l’opposé de ce que nous avions découvert en Patagonie et notamment dans la région des lacs à Bariloche : ici, des sommets nus, sans la moindre trace de végétation, quelques cactus qui essayent de s’agripper aux parois, et des couleurs de roches comme on en voit rarement!
Beaucoup moins de voitures aussi sur cette route, avec de temps en temps un camion et surtout des abris dans lesquelles les gens semblent attendre indéfiniment que des hypothétiques bus n’arrivent. Ici le temps s’est arrêté et les gens ne vivent pas au même rythme qu’à Buenos Aires!
Tilcara – au cœur de la Quebrada de Humahuaca
La ville de Tilcara, dont le nom en Quechua signifie « étoile filante », est certainement le meilleur endroit où s’arrêter pour explorer la région. Située à 2465m d’altitude, la bourgade est vivante et animée, et possède une forteresse de l’époque pré inca que l’on peut visiter. Les bâtiments sont aussi atypiques et sont pour la plupart construits en adobe (mélange de terre et paille).
À notre arrivée à l’auberge, notre hôte nous présente un plan de la ville et nous propose un point de vue qui permet d’admirer toute la vallée. Steven est tout de suite emballé par l’idée : un point de vue, un coucher de soleil, c’est parfait pour une photo! Cindy n’aura pas trop le choix que de suivre…
Nous voilà donc repartis à pied alors que nous venions juste d’arriver! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour une photo 😊!
Il nous faudra une trentaine de minutes pour arriver au point de vue qui surplombe la ville. On y voit clairement où passe la rivière, avec une belle végétation dans la vallée, et les endroits plus arides à flanc de montagne!
Juste en dessous du point de vue, on aperçoit la Pucarà, cette forteresse précolombienne dont il ne reste que les fondations et dont les cactus ont repris possession; Les mêmes cactus qui servent un peu partout dans la région pour la construction, des toits des maisons jusqu’au mobilier!
Purmamarca et la montagne aux 7 couleurs
Pour notre deuxième journée en voiture, nous sommes partis vers le village de Purmamarca qui est reconnu pour sa montagne aux 7 couleurs, aussi connu en espagnol sous le nom de « El cerro de los siete colores ». Ces couleurs sont en fait des strates de roches qui s’empilent et présentent en effet un beau dégradé.
Le village en lui-même est aussi charmant, avec des maisons en adobe et des toits en cactus. Nous avons parcouru les quelques rues autour de la place centrale, où l’on trouve de nombreux marchands de souvenirs et une belle église blanche de l’époque coloniale.
Depuis cette place, nous sommes partis à pied sur le sentier « Paseo de los Colorados », qui fait une boucle de 3km autour de la montagne aux 7 couleurs. Le point de départ de la « randonnée » (c’est un bien grand mot pour cette marche) se trouve au mirador de la montagne et la boucle termine au niveau du cimetière de la ville.
Il nous faudra une bonne heure de marche en plein soleil (et le mot est faible!) pour en faire le tour et cuire comme des petits poulets dans ce paysage désertique digne d’un western.
Salinas Grandes
Une fois repus et re-hydratés, nous avons repris la route pour continuer en après-midi jusqu’aux Salinas Grandes, des étendues de sels à perte de vue situées sur un plateau à plus de 3000m d’altitude! La route qui y mène depuis Purmamaraca est sinueuse et mène jusqu’au Chili si l’on continue par cette voie.
Nous montons jusqu’à 4170m au col de Potrerillos, avant de redescendre vers un plateau aux couleurs plus ocres puis d’arriver face au mirage de sel. Au loin, nous apercevons cette immensité blanche, qui reflète les rayons du soleil et qui s’étend de chaque côté de la route. C’est notre premier salar à vie, et ce n’est pas celui que tout le monde connaît en Bolivie, le fameux Salar d’Uyuni! Du coup, on ne sent presque spéciaux, hihihi!
Nous ne traverserons pas complètement le salar, car nous avions prévu de reprendre le bus dans cette direction pour rejoindre le désert d’Atacama (ce que nous ne ferons pas finalement, préférant remonter vers la Bolivie à Tupiza, et ne pas faire cette partie du Chili dans le cadre de ce tour du monde).
Nous effectuons une pause sur un parking où de nombreux objets sont taillés dans des blocs de sel et depuis lequel nous pouvons voir les camions qui servent pour l’exploitation (assez intensive) du salar. La réflexion du soleil est violente (et dangereuse) et Cindy se protège le plus qu’elle peut pour ne pas finir rouge comme une écrevisse. Au bout de quelque temps, même les yeux, malgré les lunettes de soleil, n’acceptaient plus de regarder ce paysage si lumineux!
Nous avions peur de la pluie, avec les nuages menaçants qui commençaient à obscurcir le ciel au-dessus de Purmamarca, mais arrivés au Salar, le ciel était complètement dégagé. La saison des pluies commençant et les routes pouvant s’avérer dangereuses dans cette partie du pays, nous sommes repartis avant de nous retrouver bloquer dans un orage en fin d’après-midi.
Uquia et son canyon rouge
Le troisième jour, nous sommes remontés en direction de la Bolivie et faisons une halte dans le minuscule village de Uquia. Le propriétaire de notre auberge à Tilcara nous avait parlé de la Quebrada de los Señoritas, un canyon situé ici, que peu de gens venaient voir, car il n’était pas des plus évidents à trouver.
Premier constat en arrivant sur la place centrale : il n’y a pas foule… Nous sommes les seuls touristes en vue, et nous ne savons même pas s’il sera possible de manger sur place. Nous passons rapidement dans le village, et nous dénichons le seul restaurant ouvert. Ouf! Nous ne mourrons pas de faim, pas aujourd’hui tout du moins.
Nous en profitons pour découvrir des spécialités locales, dont un ragoût de langue de lama, une humitas (boule de maïs mélangée avec du beurre et cuite dans une feuille de maïs) et une galette de Quinoa. Tout était bon, mais on ne reprendra plus des tripes de lama…
Après cette pause gastronomique, nous sommes remontés derrière le village en voiture, tel qu’on nous l’avait indiqué. Nous nous garons et commençons à marcher le long de paroi rocheuse d’un beau rouge sombre. Au début, nous étions confiants de trouver l’entrée du canyon rapidement.
Pas la moindre indication, ni le moindre touriste à l’horizon.
Le soleil tapait fort, et nous avions vraiment chaud (demandez à Cindy combien de fois elle a dit : « c’est trop, moi j’arrête là! »).
Après une heure de marche à frôler l’insolation, nous voilà face à l’entrée du dit canyon. La marche en valait la peine. Nous sommes seuls et profitons pleinement de cet instant de silence au milieu de paysages uniques. Bon, nous en avons aussi profité pour faire les cons sur les photos, le ridicule ne tue pas!
Humahuaca et la montagne El Hornocal aux 14 couleurs
La journée n’est pas terminée et nous voulons encore aller à Humahuaca, pour voir la montagne aux 14 couleurs! Vous imaginez, 14! Hier on en a vu 7, et là on va en voir le double! Ça doit être au moins deux fois plus joli. Tout du moins, on l’espère. 😊
Depuis la ville de Humahuaca, il faut emprunter une route de graviers sur près de 25km, et en roulant à 30 km/h maximum, on arrive finalement au sommet de la montagne au bout d’une heure pour admirer El Hornocal, cette montagne qui n’était pas très connue il y a encore 10 ans.
Nous sommes à 4300m, et la montée rapide à cette altitude avec la voiture n’est pas la meilleure expérience pour Cindy, qui préférera rester dans la voiture, dans un état semi-comateux. Nous sommes arrivés justes à temps, les nuages venant gâcher le coucher de soleil moins de 10min après notre arrivée…
Cindy étant trop impactée par les effets de l’altitude, nous avons dû redescendre en urgence, car elle ne se sentait vraiment pas bien. Malheureusement, la route cahoteuse ne nous permettait pas d’aller très vite…
Sur le chemin du retour, nous avons eu droit à une percée dans les nuages permettant d’admirer l’un des plus beaux couchers de soleil que nous ayons pu voir en Amérique du Sud (on en avait vu des beaux en Indonésie sur les îles Gilis il y a quelques mois).
C’est ainsi que s’achève notre découverte de 3 jours de la Quebrada de Humahuaca, et de ses formations géologiques invraisemblables. Tant de diversité et de couleurs! Un spectacle inoubliable et qui reste comme une de nos meilleures découvertes… avant de faire la boucle sud de Salta, de Cachi à Cafayate, qui elle aussi nous en mettra plein la vue!
CONSEILS PRATIQUES
Où dormir à Salta et à Tilcara?
À Salta : Auberge Coloria – Une auberge de backpacker avec une grande salle commune et un espace cuisine. Parfait pour se préparer au roadtrip au nord et au sud de Salta. Vous y trouverez surement d’autres voyageurs qui cherchent à partager une voiture pour partir avec vous (Prix: 350 ARS = 11.5 $CAD/ pers/jour en dortoir de 4, petit déjeuner inclus)!
À Tilcara : La Albahaca Hostel – Une des plus belles auberges de Tilcara, avec un accueil super sympathique et des proprios toujours prêts à jouer un peu de musique le soir. Leurs conseils pour la visite de la région sont bien pratiques, et le petit déjeuner est servi avec le sourire (Prix: 800 ARS = 26 $CAD/ jour en chambre double, petit déjeuner inclus).
Où manger à Salta et à Tilcara?
À Salta : Bixi café – Quand on a vu le nom du café, on a tout de suite pensé aux vélos en libre service de Montréal! La nourriture n’y est pas exceptionnelle mais la place à son charme et les prix restent relativement doux, avec un large choix à la carte.
À Uquia : El Arcabucero – Un tout petit restaurant, l’un des seuls du village. Une nourriture savoureuse avec un chouette menu dégustation à partager. Parfait pour reprendre des forces avant d’aller visiter le canyon (menu dégustation à partager : 700 ARS = 22$CAD)!
Comment se déplacer dans la Quebrada ?
Agence de location digne de confiance que nous recommandons : Agence ACTIVA ( ils parlent anglais!). Prix: 8624 ARS = 277 $CAD pour 7 jours de location, km illimité, assurance incluse.
Pour rejoindre Mendoza à Salta, l’option la moins cher reste le bus de nuit. La plupart des compagnies ont les mêmes tarifs. Le samedi soir c’est plus cher, donc pour économiser un peu, voyagez en semaine ( Prix : 2720 ARS/personne = 87$ CAD/personne) !
Pour ne rien rater de notre voyage en Argentine cliquez ici!
Ginette Chartier
Publié le 20:46h, 06 septembreMerci pour toutes ces infos. Nous partons, mon mari et moi (nous sommes aussi québécois) pour un voyage de 3 mois. Argentine/Chili/ sud Bolivie. Vous m’avez convaincu de faire les boucles nord/sud de Salta avec la location d’une voiture. Si vous avec d’autres propositions, je suis ouvert à tout. Je suis au niveau planification itinéraire.
Nous partons le 11 janvier et retour 7 avril 2020.
Ginette
Steven
Publié le 04:27h, 07 septembreContent de savoir qu’on peut inspirer d’autres voyageurs! En effet la région de Salta est magnifique, on vous conseille vivement de vous arrêter au moins une nuit à Tilcara. La Bolivie a été un gros coup de cœur, avec des gens adorables. Si vous faites un tour dans le salar d’Uyuni, on recommande de partir de Tupiza, c’est drôlement sympa!
Helene Guilbault
Publié le 13:42h, 10 septembreSalut Steven!
Merci pour ton article! Pourrais-tu m’indiquer auprès de qui vous avez loué votre voiture?
Steven
Publié le 21:13h, 10 septembreNous sommes passé par l’agence Active Rent a Car (que tu peux trouver dans les liens utiles de l’article, et sur google maps: https://goo.gl/maps/XEyczSnzx2gKztMq6) Bon voyage!
Abousleiman
Publié le 22:30h, 18 novembreBonjour, quel magnifique récit.
Nous sommes actuellement à Tilcara avec mon compagnon, et j’aurai voulu avoir votre opinion sur le camping sauvage dans la quebrada de Humahuaca, ou Purmamarca. Est-ce dangereux de passer la nuit à deux, dans une tente? Quelles seraient vos recommendations de lieux pour un camping sauvage ?
Bonne soirée
Chris
Steven
Publié le 11:34h, 19 novembreBonjour Chris et merci pour ton message! Lorsque nous sommes passés dans la région, nous sommes restés dans des hostel et n’avions pas regardé pour des options de camping. Par contre j’imagine que vous pourriez trouver certains endroits pour rester en tente, peut être du côté de Uquia. Je ne sais pas quelles sont les règles du camping en Argentine, peut être vous renseigner avant.
Ou peut être demander à un habitant si vous pouvez planter votre tente dans son jardin? Il y a un site intéressant pour la mise en relation des personnes pour ce type de camping: https://welcometomygarden.org/